FoudiS

A la naissance des espèces…

Si l’actualité regorge d’informations concernant la disparition d’espèces sauvages, chose moins connue certaines…apparaissent ! Comment ? A cette question, devant en principe requérir plusieurs vies d’hommes qui, génération après génération, reporteraient patiemment leurs observations, pour seulement peu à peu entrevoir les mécanismes de la « spéciation », les chercheurs du laboratoire Evolution et Diversité Biologique (EDB ; UMR CNRS/UPS/ENFA) ont, grâce à des circonstances exceptionnelles, rapidement trouvé réponse…Tout cela grâce à l’histoire particulière d’un petit oiseau et de ses descendants établis sur Madagascar et les îles alentours.

La région de Madagascar abrite en effet une lignée d’oiseaux, les Foudis, que l’on ne retrouve nulle part ailleurs. Des analyses de l’ADN de ces oiseaux révèlent que les populations de l’ancêtre des Foudis se sont autrefois progressivement scindées en deux groupes distincts, chacun avec une écologie particulière, l’un occupant les milieux ouverts de type savane, l’autre étant exclusivement forestier. Bien que relativement éloignés génétiquement et très différents morphologiquement, les oiseaux de ces deux groupes sont encore interféconds et s’hybrident même parfois dans la nature.

Sur les îles autour de Madagascar, en revanche, leurs descendants se sont installés il y a plusieurs centaine de milliers d’années et ont évolué de leur propre côté… Jusqu’à ce que l’homme introduise au cours des trois derniers siècles,  des oiseaux provenant des savanes de Madagascar, créant ainsi, pour les chercheurs d’EDB, des conditions d’étude quasi expérimentales pour tester si l’évolution dans les îles a produit de bonnes espèces. Malgré de nombreuses années de cohabitation qui auraient pu permettre des croisements entre les oiseaux, aucun hybride n’a pu être observé et aucune trace d’hybridation n’a pu être détectée par les analyses génétiques. N’étant plus capables de se croiser alors qu’elles sont issues d’un même ancêtre, des espèces sont, au sens propre, apparues.

C.Thébaud, Professeur à l’Université Paul Sabatier et membre d’EDB  tire deux conclusions de ces observations : « Pour la formation de nouvelles espèces, il y a deux paramètres clef : le temps qui s’écoule, bien entendu, mais aussi et surtout la combinaison du temps avec l’isolement géographique. C’est cet isolement qui engendre une rupture complète des flux d’individu et de gènes […] et permet l’évolution de nouvelles caractéristiques et de nouvelles espèces. » Prochaine étape, afin d’identifier les différences de bagage génétique qui jouent un rôle-clé dans l’interfécondité entre Foudis, les scientifiques vont assortir ce travail d’une approche génomique complète…

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Date de modification : 07 juin 2023 | Date de création : 05 juin 2012 | Rédaction : Equipe communication