Grégoire Freschet rejoint la communauté TULIP pour explorer les relations entre biodiversité et fonctionnement des écosystèmes

Grégoire Freschet a récemment décroché un Package « Junior » du LabEx, opération d’attractivité préparée depuis de longs mois par les équipes TULIP et la Station d’Ecologie Théorique et Expérimentale de Moulis (UMR 5321 CNRS/UPS) au sein du consortium TULIP. Nous saisissons l’occasion qui nous est donnée de parler de ses recherches sur le rôle de la diversité des plantes et de leurs symbiotes dans la stabilité du fonctionnement des écosystèmes à l'interface entre la biologie fonctionnelle des plantes et l'écologie.

Sur quoi portent tes recherches ?

Mes travaux de recherche portent généralement sur les relations dynamiques existant entre les végétaux et leur environnement, et notamment le sol. En ce moment je m’intéresse plus particulièrement aux effets des plantes et de leurs symbiontes sur le fonctionnement des écosystèmes et leur stabilité. A travers leur traits fonctionnels et leur diversité, les associations plantes-symbiotes influencent fortement les cycles biogéochimiques dans les écosystèmes (par exemple, la productivité primaire, la qualité nutritive des végétaux, leur résistance aux herbivores ou encore la décomposition des litières, le stockage du carbone dans les sols, et les grands cycles des nutriments), et ils ont un rôle majeur à jouer dans le contexte actuel de changement d’usage des terres, notamment avec l’arrivée de nouvelles pratiques agro-écologiques qui modifient en profondeur le fonctionnement des écosystèmes et agrosystèmes. Dans ce contexte, je souhaite mettre en lumière par quels mécanismes les associations plantes-symbiotes peuvent améliorer la stabilité des écosystèmes, afin d’anticiper sous quelles conditions il est ou non souhaitable de jouer sur la diversité des plantes et de leurs symbiotes pour améliorer le fonctionnement des écosystèmes.

Pourquoi venir au sein de la SETE et dans TULIP ?

L’environnement scientifique et technique de l’UMR SETE et du Labex TULIP m’apparaissent porteurs en termes de collaborations interdisciplinaires sur les thèmes de la biodiversité et des interactions plantes-sol-microorganismes. Clairement, le projet que je porte est à l’interface des grandes thématiques du Labex, entre biologie et écologie, plantes et microorganismes, et faisant la liaison entre deux échelles d’étude, organismes et communautés.

Cependant, quitter un groupe de recherche bien établi, et des collaborations qui fonctionnent, ce n’est jamais évident. Alors, au cours de mes réflexions, lorsque l’on m’a conseillé de regarder du côté des Packages du Labex Tulip, j’ai vite saisi que c’était l’outil idéal pour aider mon installation et créer rapidement un nouveau groupe de recherche. Dans le contexte actuel du manque de ressources de la recherche publique, et des appels à projets aux taux de réussite déprimants, cet outil est vraiment exceptionnel.

En quoi le package TULIP t’a t’il incité à venir et comment t’aide-t-il à t’installer ?

La mise en place rapide de mes recherches et leur développement interdisciplinaire étaient fortement conditionnés au soutien financier dont je pourrais bénéficier à l’installation. J’ai la chance de travailler à la fois sur des thématiques de science du sol et de physiologie des plantes, mais cela veut également dire que j’ai des besoins assez importants en termes de place, d’équipements, d’analyses… Le financement du LabEx va me permettre de mettre en place dans les prochains mois et années les conditions pour démarrer mes nouveaux projets, et pérenniser de bonnes conditions de travail.

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Manipulation expérimentale de la diversité de plantes herbacées © G. Freschet

Quels sont tes projets à venir ?

Ma plus grande ambition est un projet d’écologie expérimentale visant à coupler écophysiologie des plantes, écologie racinaire et interactions symbiotiques afin d’explorer de façon mécanistique les relations Biodiversité – Fonctionnement des Écosystèmes. Plusieurs synthèses récentes, ainsi que mes propres travaux, ont mis en lumière le manque de connaissances sur les mécanismes racinaires et leurs symbioses sous-tendant les relations entre biodiversité végétale et (multi-)fonctionnalité des écosystèmes. Ce projet pose l’hypothèse que la diversité des plantes favorise la diversité des associations symbiotiques (mycorhizes, rhizobiums), l’ensemble desquels agit positivement sur la multifonctionnalité des écosystèmes. Il postule également que les effets de la biodiversité sur différentes fonctions écosystémiques pourraient être expliqués par la diversité de différents pools de traits chacun en lien direct avec la fonction ciblée. Enfin, il cherche à mettre en lumière l’effet des variations environnementales sur ces relations diversité–multifonctionnalité et les processus responsables de ces variations.

Ce projet implique la mise en place d’expérimentations de manipulation de la biodiversité des plantes herbacées et de leurs associations symbiotiques en conditions contrôlées. Il fait appel à la mesure d’un ensemble de traits fonctionnels des plantes, de propriétés de la communauté de microorganismes du sol (symbiotiques et non-symbiotiques) et de multiples fonctions de l’écosystème.

Pour initier ce projet je mènerai, en collaboration avec des partenaires du LabEx, une série d’expérimentations pilotes qui m’aideront à affiner mes hypothèses de recherche et à nourrir une réflexion interdisciplinaire sur ces questions. A moyen terme, ces travaux serviront de support à l’écriture de projet de type ANR Internationale ou ERC.

Date de modification : 07 juin 2023 | Date de création : 26 avril 2019 | Rédaction : Guillaume Cassiède-Berjon & Grégoire Freschet